REVUE DE DROIT DES AFFAIRES INTERNATIONALES

Paris, juin 2010

 

La rŽglementation affŽrant aux interventions des avocats Žtrangers dans les instances arbitrales en

 RŽpublique Populaire de Chine

 

par

 

Daniel Arthur Laprs[1]

 

Synthse

LĠenchevtrement de la rŽglementation affŽrant ˆ lĠexercice de la profession dĠavocat en gŽnŽral et celle visant les bureaux de reprŽsentation de cabinets dĠavocats Žtrangers en particulier, tout en suscitant un doute quant ˆ la conformitŽ du cadre avec le GATS, place dans une zone dĠombre les interventions dĠavocats Žtrangers dans les arbitrages en RŽpublique Populaire de Chine. La reprŽsentation de clients Žtrangers dans les affaires soumises ˆ un droit Žtranger est autorisŽe pour les avocats rattachŽs ˆ des cabinets Žtablis en Chine, mais la reprŽsentation de clients dans les affaires soumises au droit chinois est a priori interdite. Des incidents Žventuels survenant dans les interstices de la rŽglementation pourraient engendrer des consŽquences financires, dŽontologiques, administratives et mme pŽnales en Chine ainsi que dans les pays dĠorigine des professionnels concernŽs.

 

 

1. - Introduction

 

Selon lĠavis gŽnŽral, mais pas unanime, les avocats Žtrangers ont la capacitŽ de reprŽsenter leurs clients dans les instances arbitrales en RŽpublique Populaire de Chine (RPC), en particulier celles organisŽes sous lĠŽgide de la China International Economic and Trade Arbitration Commission (CIETAC),[2] lorsque les diffŽrends nĠimpliquent pas le droit chinois.

 

Mais lĠavocat Žtranger qui intervient sur le territoire de la RPC pour assurer la dŽfense dĠun client dans un arbitrage risque, mme si le diffŽrend est rŽgi par une loi Žtrangre, de se voir reprocher lĠexercice illŽgal de la profession dĠavocat.

 

Bien que les principes gŽnŽraux des accords du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) souscrits par les membres de lĠOrganisation Mondiale du Commerce (OMC) interdisent la discrimination contre les entreprises Žtrangres, la RPC a souscrit dans le cadre de son accession des engagements spŽcifiques qui semblent permettre ces restrictions sur lĠaccs des professionnels Žtrangers au marchŽ local pour les services juridiques. LĠinsatisfaction avec ce rŽsultat ne saurait justifier des actions contre la RPC devant lĠOMC, mais elle incite ˆ chercher comment convaincre les autoritŽs chinoises de modifier leurs rgles.

 

En attendant de telles rŽformes, les violations des lois et rglements locaux rŽgissant la profession dĠavocat, voire dans des cas graves des lois pŽnales, exposent leurs auteurs ˆ des difficultŽs de recouvrement de leurs honoraires et, si leur responsabilitŽ professionnelle Žtait engagŽe, ˆ des sanctions professionnelles et administratives non seulement en RPC mais aussi dans leur pays dĠorigine. 

 

2. - Le cadre juridique gŽnŽral rŽgissant les interventions des avocats Žtrangers dans les procŽdures dĠarbitrage

   

LĠarticle 29 de la loi sur lĠarbitrage (the Arbitration Law) dispose que Óles parties et leurs reprŽsentants lŽgaux ont la facultŽ de dŽsigner des avocats ou dĠengager des agents pour traiter les questions survenant dans le cadre dĠinstances dĠarbitrageÓ.[3]

 

    Certes, il est possible de prter ˆ ce texte une interprŽtation selon laquelle tous avocats, non seulement les avocats chinois, ont la capacitŽ de reprŽsenter des clients dans les procŽdures dĠarbitrage en RPC. Toutefois, une telle interprŽtation serait sans doute trop large car elle permettrait aux avocats Žtrangers dĠintervenir dans des diffŽrends nĠimpliquant que le droit chinois. Finalement, selon lĠinterprŽtation la plus plausible, la disposition doit tre considŽrŽe comme autorisant la dŽsignation dans les instances dĠarbitrage en RPC des seuls avocats ÓqualifiŽsÓ  en droit chinois.

 

La loi relative ˆ la profession dĠavocat, adoptŽe en 1996 et modifiŽe le plus rŽcemment en 2007, dŽfinit lĠexercice de la profession comme comprenant ÒlĠacceptation des autorisations des parties ˆ participer ˆ des activitŽs de mŽdiation et dĠarbitrage.Ó[4]

 

Selon cette dŽfinition, il serait interdit aux personnes non-admises au barreau en RPC de reprŽsenter des clients dans les arbitrages en RPC, quels que soient lĠobjet du diffŽrend et les origines des parties.

 

Pour tre admis au barreau en RPC, tout candidat doit passer lĠexamen dĠadmission et remplir lĠensemble des autres conditions prŽcisŽes ˆ lĠarticle 5 de la loi relative ˆ la profession dĠavocats. Mais la rŽglementation du Ministre de la Justice relative aux examens dĠadmission au barreau stipule que les candidats doivent tre des ressortissants de la RPC.[5]

 

Selon ces normes dÔapplication gŽnŽrale, aucun avocat Žtranger nĠaurait la capacitŽ de Òparticiper ˆ des activitŽs de mŽdiation ou dĠarbitrage en RPCÓ.

 

LĠarticle 46 de la loi relative ˆ la profession dĠavocat prŽvoit que lĠexercice illŽgal de la profession est susceptible dĠtre rŽprimŽ par la confiscation des revenus illicites, par des amendes nĠexcŽdant pas RMB 5.000 et par des peines dĠemprisonnement nĠexcŽdant pas 15 jours. En cas ÒdĠatteintes graves ˆ lĠordre du marchŽÓ visŽes par lĠarticle 225 de la loi pŽnale, les auteurs encourent des amendes correspondant ˆ cinq fois le montant de leurs gains illicites, la confiscation de leurs biens et, dans les cas trs graves, ˆ des peines dĠemprisonnement nĠexcŽdant pas cinq ans.[6]

 

3. - LĠAccord dĠaccession ˆ lĠOMC

 

Au cours des nŽgociations qui ont abouti ˆ lĠaccession de la RPC ˆ lĠOMC, les conditions dĠaccs des membres des professions juridiques Žtrangres au marchŽ chinois ont ŽtŽ ‰prement discutŽes. Le Conseil des Barreaux EuropŽens a demandŽ que la RPC permette aux cabinets Žtrangers de dispenser des conseils dans le droit de leur pays dĠorigine, dans les droits de pays tiers, dans le droit international et dans le droit chinois par lÔintermŽdiaire dĠavocats chinois salariŽs. Les nŽgociateurs amŽricains ont cherchŽ ˆ obtenir le droit pour leurs professionnels de fournir directement des conseils dans le droit chinois.[7]

 

Dans lĠAccord dĠaccession, la RPC sĠest engagŽe ˆ permettre aux cabinets dĠavocats Žtrangers de fournir les prestations suivantes:

 

-       le conseil par rapport aux droits des pays o leurs avocats sont admis ˆ lĠexercice de la profession ainsi que par rapport aux conventions et pratiques internationales;

 

-       la prise en charge dans les pays o leurs avocats sont admis ˆ lĠexercice de la profession des affaires qui leur sont confiŽes par des clients ou des cabinets dĠavocats chinois;

 

-       pour le compte de leurs clients Žtrangers, la dŽsignation de cabinets dĠavocats chinois auxquels confier le traitement dĠaffaires juridiques chinoises,

 

-       la conclusion de contrats ˆ long terme avec des cabinets dĠavocats chinois pour se confier la prise en charge dĠaffaires; et

 

-       le conseil concernant lĠimpact de lĠenvironnement juridique en RPC.

 

4. - Le traitement spŽcial rŽservŽ aux cabinets dĠavocats Žtrangers Žtablis en RPC

 

En 2001, le Conseil des affaires dĠŽtat a transposŽ en droit interne les engagements dans lĠAccord dĠaccession en adoptant les Rules on the Administration of Foreign Law FirmsĠ Representative Offices in China (the Foreign Law Firm Regulations).[8]

 

Ces normes sĠappliquent ˆ lĠŽtablissement de bureaux en RPC par les cabinets Žtrangers ainsi quĠaux services fournis par ces bureaux.[9]

 

Mais le texte ne semble pas concerner les services juridiques rendus en RPC ˆ partir de bureaux ˆ lĠŽtranger.[10]

 

Les cabinets dĠavocats Žtrangers Žtablis en RPC doivent respecter les lois chinoises notamment ses dispositions dŽfinissant les activitŽs correspondant ˆ lĠexercice de la profession.[11]

 

Les Foreign Law Firm Rules rŽaffirment les engagements de la RPC vis-ˆ-vis des professions juridiques en relation avec son accession ˆ lĠOMC tout en excluant quĠils puissent traiter Òdes affaires juridiques chinoisesÓ.

 

En vertu de lĠarticle 15 des Foreign Law Firm Regulations, les cabinets dĠavocats Žtrangers ne peuvent exercer que les activitŽs suivantes:

 

-       le conseil par rapport aux droits des pays o leurs avocats sont admis ˆ lĠexercice de la profession ainsi que par rapport aux conventions et pratiques internationales;

 

-       la prise en charge dans les pays o leurs avocats sont admis ˆ lĠexercice de la profession des affaires juridiques rŽgies par ces droits,[12] qui leur sont confiŽes par des clients ou des cabinets dĠavocats chinois,

 

-       pour le compte de leurs clients Žtrangers, la dŽsignation de cabinets dĠavocats chinois auxquels confier la prise en charge dĠaffaires juridiques chinoises,

 

-       la mise en oeuvre de contrats ˆ long terme avec des cabinets dĠavocats chinois pour la prise en charge dĠaffaires juridiques,

 

-       le conseil concernant lĠenvironnement juridique en RPC.

   

    Aucune de ces dispositions ne stipule sans Žquivoque le droit, mme pour les avocats rattachŽs aux bureaux de reprŽsentation Žtablis sur le territoire, de reprŽsenter des parties dans les instances dĠarbitrage en RPC. La premire et, avec une largesse dĠesprit certaine, la dernire de ces dispositions sont susceptibles dĠtre interprŽtŽes comme autorisant le conseil ˆ propos des droits Žtrangers, du droit international et de lĠenvironnement juridique chinois, mais la reprŽsentation de clients dans les instances dĠarbitrage nĠest pas mentionnŽe, alors quĠelle lĠest dans la Law with respect to Lawyers afin dĠen limiter la pratique aux avocats.

 

LĠarticle 16 des Foreign Law Firm Regulations interdit aux cabinets dĠavocats Žtrangers dĠemployer des avocats admis au barreau chinois ou de permettre aux autres membres de leur personnel de fournir des services juridiques. Il nĠy a aucune raison de supposer que ces interdictions ne sĠappliquent pas aux procŽdures arbitrales en RPC.

 

LĠarticle 32 du rglement dĠapplication des Foreign Law Firm Rules dŽfinit les Òaffaires juridiques chinoisesÓ comme comprenant:

 

-       lĠentreprise en tant quĠavocat dĠactions judiciaires en RPC,

 

-       lĠŽmission dĠavis ou de certificats concernant des questions spŽcifiques affŽrents ˆ des contrats, accords, articles de statuts, ou autres documents Žcrits concernant lĠapplication du droit chinois,

 

-       la reprŽsentation de mandants pour lĠenregistrement, la modification, le dŽp™t de demande ou tout autre procŽdure vis-ˆ-vis dĠune autoritŽ gouvernementale chinoise ou toutes autres organisations autorisŽes par les lois et rglements ˆ exercer des fonctions administratives et

 

-       lĠexpression en tant que reprŽsentant dans le cadre de procŽdures dĠarbitrage dĠavis sur lĠapplication des lois chinoises.

 

La dernire disposition est susceptible dĠtre interprŽtŽe comme nĠinterdisant aux avocats Žtrangers que la fourniture en tant quĠexpert du droit chinois ÒdĠavisÓ sur ses contenus.

 

Par infŽrence, les avocats Žtrangers auraient la capacitŽ de reprŽsenter leurs clients mme en relation avec des Òaffaires juridiques chinoisesÓ, ˆ condition de produire des ÒavisÓ sur les questions de droit chinois Žtablis par des experts džment qualifiŽs dans ce droit.

   

En cas de fourniture en RPC de services juridiques sans autorisation par des avocats Žtrangers, des cabinets dĠavocats Žtrangers ou dĠautres organisations Žtrangres, le Ministre de la Justice au niveau provincial peut ordonner la cessation des activitŽs interdites, confisquer les gains illicites, suspendre les licences dĠexercer la profession et imposer des amendes pouvant atteindre RMB 300.000.

 

5. - La conformitŽ du cadre juridique chinois avec les engagements dans lĠAccord dĠaccession

 

Le bien fondŽ de lĠexclusion des Òaffaires juridiques chinoisesÓ du champ des activitŽs autorisŽes aux bureaux de reprŽsentation en RPC des cabinets Žtrangers avec les engagements du pays dans lĠAccord dĠaccession est une question controversŽe.

 

Il sĠavre que les pays-membres de lĠOMC ont souscrit des engagements par rapport ˆ lĠaccs des cabinets Žtrangers au marchŽ local pour les services juridiques qui varient sensiblement dĠun pays ˆ un autre. La CommunautŽ EuropŽenne sĠest engagŽe ˆ autoriser les professionnels hors la CommunautŽ ˆ fournir des conseils concernant les droits de leurs pays dĠorigine et le droit international public. En France, les professionnels Žtrangers bŽnŽficient dĠun rŽgime de faveur depuis 1990 quand lĠaccs ˆ la profession a ŽtŽ ouvert aux Žtrangers qualifiŽs et ce principe nĠa jamais ŽtŽ reniŽ.[13] En cela, le rŽgime franais est similaire ˆ celui pratiquŽ aux Etats-Unis. Les engagements de la RPC en la matire sont similaires ˆ ceux du Canada.[14]   

 

Mais, rien ne justifie que le champ dĠactivitŽs ouvert aux bureaux de reprŽsentation des cabinets dĠavocats Žtrangers soit plus large que celui appliquŽ aux services des cabinets Žtrangers fournis en RPC ˆ partir de leurs bureaux hors du territoire chinois. Interdire aux cabinets dĠavocats ˆ lĠŽtranger sans bureau sur le territoire de la RPC de reprŽsenter des clients dans des procŽdures arbitrales sur le territoire chinois tout en autorisant ˆ exercer ces activitŽs dĠautres cabinets Žtrangers parce quĠils y ont ouvert des bureaux enfreindrait lĠarticle 1 de lĠAccord gŽnŽral sur le commerce des services qui impose lĠuniformitŽ de traitement des prestataires de services Žtrangers. DĠautre part, tout Žtat-membre de lĠOMC dont aucun cabinet dĠavocat national nĠavait ouvert un bureau en RPC pourrait se plaindre dĠune violation du principe de la nation la plus favorisŽe, dont le respect est rendu obligatoire par lĠAccord relatif aux Žchanges internationaux de services.[15]

 

In fine, la capacitŽ des avocats Žtrangers non-rattachŽs ˆ des bureaux Žtablis en RPC ˆ reprŽsenter des clients dans des arbitrages conduits sur le territoire chinois, mme en dehors des Òaffaires juridiques chinoisesÓ, est rŽgie par un cadre juridique problŽmatique.

 

6. - Le cadre juridique des arbitrages sous lĠŽgide de la CIETAC

 

DĠaprs les documents constitutifs de la CIETAC,[16] les Òparties ont la facultŽ de dŽsigner des avocats pour dŽfendre leurs intŽrts dans le cadre dĠinstances dĠarbitrage sous lĠŽgide de la Commission. Ces avocats peuvent tre des ressortissants de la RPC ou des ŽtrangersÓ.

 

Les rgles relatives aux arbitrages adoptŽs par la CIETAC[17] prŽvoient que les parties agissent par lĠintermŽdiaire de ÒreprŽsentantsÓ de nationalitŽ chinoise ou Žtrangre.[18]

 

Ë plusieurs Žtapes des procŽdures, il est expressŽment prŽvu par les Rules of Arbitration que les parties peuvent faire intervenir des ÒreprŽsentantsÓ: pour lĠenregistrement de demandes,[19] dŽfenses[20] et demandes en rŽplique,[21] pour les accompagner lors des audiences,[22] et pour la rŽception des dŽcisions et documents.[23]

 

Ds quĠune demande est complte, la Commission dŽcide si elle est compŽtente avant mme de transmettre le dossier au panel dĠarbitrage.

 

LĠarticle 3 des Rules of Arbitration classe en trois catŽgories les affaires entrant dans le champ de compŽtence des tribunaux dĠarbitrage de la CIETAC: les diffŽrends locaux, ceux en relation avec les Special Administrative Regions de Hong Kong et Macao ou avec Taiwan, et les diffŽrends internationaux ou en relation avec lĠŽtranger.

 

Cette triple distinction explique Žventuellement une tendance ˆ imaginer que les qualifications des reprŽsentants des parties dans les instances dĠarbitrage varient selon que le diffŽrend soit local ou non. Dans le premier cas, les avocats Žtrangers nĠauraient pas la capacitŽ dĠintervenir au nom de leurs clients, mais il ils lĠauraient dans les diffŽrends qui ne sont pas locaux.

 

Pourtant, selon la dŽfinition annoncŽe par la Cour Populaire Suprme,[24] constituent des ÒdiffŽrends internationaux ou en relation avec lĠŽtrangerÓ ceux dans lesquels au moins une des parties est un individu de nationalitŽ Žtrangre ou apatride ou une personne morale de nationalitŽ Žtrangre, qui ont trait ˆ la crŽation, modification ou fin dĠune relation civile en dehors de la RPC ou dont lĠobjet se situe en dehors de son territoire. Mais de tels diffŽrends sont susceptibles dĠimpliquer le droit chinois, par exemple lorsquĠune des parties est chinoise et lĠautre Žtrangre alors que lĠobjet de leur diffŽrend se trouve ˆ lĠŽtranger en exŽcution dĠun contrat que les parties ont choisi de soumettre ˆ la loi chinoise; dans un tel scŽnario, la rŽglementation chinoise rŽgissant les professions juridiques interdirait aux avocats Žtrangers de reprŽsenter des clients dans lĠinstance arbitrale en RPC malgrŽ la classification du diffŽrend comme Žtant en relation avec lĠŽtranger.

 

Bref, la dichotomie diffŽrend local / diffŽrend non-local ne fournit pas un critre entirement satisfaisant pour la dŽtermination du champ dĠintervention des avocats Žtrangers pour la reprŽsentation de leurs clients dans les instances dĠarbitrage en RPC.

 

Finalement, la reconnaissance des reprŽsentants des parties dans les instances dĠarbitrage revient aux tribunal arbitral. La CIETAC demande ˆ ses arbitres dĠinstruire les cas de Òtoute manire quĠils estiment appropriŽe, sauf accord contraire des partiesÓ.[25] Les principales contraintes spŽcifiquement posŽes dans la rŽglementation exigent des arbitres dĠagir avec ÒimpartialitŽ et ŽquitŽÓ et dĠassurer ˆ chacune des parties Òdes possibilitŽs raisonnables pour prŽsenter ses arguments et pour participer aux dŽbatsÓ.[26]  

 

LorsquĠun avocat Žtranger soulve dans ses plaidoiries orales ou Žcrites un argument fondŽ sur le droit de la RPC, les arbitres dans des procŽdures CIETAC sĠintŽressent ˆ savoir si lĠavocat Žtranger intervient dans la procŽdure conjointement avec un confrre qualifiŽ en RPC et si les arguments fondŽs en droit de la RPC sont appuyŽs par des avis de praticiens qualifiŽs en RPC.

 

7. - Le r™le effectif des avocats Žtrangers dans les arbitrages en PC

 

Selon les informations circulant de manire anecdotique, les arbitres CIETAC admettent les avocats Žtrangers ˆ dŽfendre les intŽrts de leurs clients ds lors que le diffŽrend ne concerne pas les Òaffaires juridiques chinoisesÓ, ce qui dans la pratique signifie le plus souvent quĠil nĠest pas rŽgi par la loi chinoise. Le respect traditionnel des arbitres internationaux de la capacitŽ des parties ˆ influencer le dŽroulement des instances Žtant partagŽ par les arbitres exerant sous lĠŽgide de la CIETAC, les principaux facteurs limitant les interventions des avocats Žtrangers dans les instances arbitrales en RPC risquent de survenir plut™t dans leurs pays dĠorigine ˆ propos du recouvrement de crŽances, de la mise en Ïuvre de garanties dĠassurance professionnelle et de lĠexŽcution des sentences arbitrales. 

 

    Selon des sources officieuses, le Ministre de Justice au niveau municipal ˆ Beijing a lancŽ en 2005 en vertu du rglement de 2002 une investigation de certains avocats Žtrangers en relation avec leur reprŽsentation dans des instances arbitrales en RPC de parties dans des diffŽrends impliquant la loi chinoise.[27] Il semble quĠaucune sanction nĠait ŽtŽ annoncŽe.

 

Donc, jusquĠˆ preuve du contraire, et au moins en ce qui concerne les arbitrages CIETAC, les avocats Žtrangers doivent pouvoir plaider les affaires nĠimpliqant pas des Òaffaires juridiques chinoisesÓ, que leurs cabinets disposent ou non de bureaux en RPC.

 



[1] Avocat au Barreau de Paris, Barrister & Solicitor en Nouvelle-Ecosse, Canada, Conseiller spŽcial auprs de Kunlun Law Firm, Beijing. Ma”tre Laprs est nommŽ ˆ la liste des arbitres internationaux de la CIETAC. Il est co-rŽdacteur et co-auteur de Business Law in China, Second Edition, International Chamber of Commerce, Paris, 2008.

[2] Bien quĠelle soit de loin la premire institution arbitrale en Chine, il arrive que dĠautres institutions soient chargŽes de diffŽrends impliquant des parties Žtrangres et que ces dernires dŽsignent des avocats Žtrangers. De toute faon, leurs rgles ont tendance ˆ suivre le modle CIETAC. Dans les instances conduites en RPC sous lĠŽgide dĠinstitutions dĠarbitrage Žtrangres (telle que la Cour dĠArbitrage de la Chambre de Commerce Internationale ˆ Paris), il est envisageable que certaines parties dŽsignent des avocats Žtrangers. Ces cas, dĠailleurs peu nombreux semble-t-il, sont soumis au mme cadre rŽglementaire que les arbitrages CIETAC.

[3] La loi a ŽtŽ adoptŽe le 31 aožt 1994 par la Huitime Session du ComitŽ Permanent de la Huitime AssemblŽe Populaire Nationale (APN).

[4] LĠarticle 25 de la Law with respect to Lawyers, adoptŽe le 15 mai 1996 par la 19me Session du ComitŽ Permanent de la Huitime APN qui est entrŽe en vigueur le premier janvier 1979, telle quĠamendŽe le 29 dŽcembre 2001 par la 25me Session du ComitŽ Permanent de la Neuvime APN, et encore le 28 octobre 2007, par la 30me du ComitŽ Permanent de la 10me APN. Aussi, le Ministre de la Justice a promulguŽ le 28 mai 2008 les Administrative Measures for Law Firms, qui sont entrŽes en vigueur le mme jour, et qui posent des conditions gŽnŽrales pour lĠŽtablissement des cabinets dĠavocats et qui renforcent leur supervision et leur gestion.

[5] Les Measures with respect to the Implementation of the National Law Exam ont ŽtŽ adoptŽes le 31 octobre 2001 par le Ministre de la Justice, la Cour Populaire Suprme (SPC) et le Procuratorat prs la SPC, qui sont entrŽes en vigueur le premier janvier 2002.

[6] La loi pŽnale a ŽtŽ adoptŽe le premier juillet 1979 par la Deuxime Session de la Cinquime APN et amendŽe le 14 mars 1997 par la Cinquime Session de la Huitime APN.

[7] Daniel Arthur Laprs, The EU- China WTO Accession Agreement, China Business Review, Hong Kong, juillet-aožt 2000, http://www.lapres.net/wtosino.html.

[8] The Foreign Law Firm Regulations ont ŽtŽ adoptŽs le 19 dŽcembre 2001 par le 51me ComitŽ exŽcutif du Conseil des affaires dĠŽtat, qui ont ŽtŽ promulguŽs le 22 dŽcembre 2001 et qui sont entrŽs en vigueur le premier janvier 2002.

[9] Article 2 des Foreign Law Firm Regulations.

[10] Articles 1 de 2 des Foreign Law Firm Regulations.

[11] Article 3 des Foreign Law Firm Regulations.

[12] LĠexigence que les affaires traitŽes relvent dĠun droit dans lequel les avocats du cabinet sont qualifiŽs ne figure pas dans lĠAccord dĠaccession.

[13] La loi NĦ 90-1259 du 31 dŽcembre 1990. Depuis cette date, la rŽglementation a subi des accommodements concernant lĠaccs au marchŽ des professionnels provenant des autres membres de la CommunautŽ EuropŽenne.

[14] http://tsdb.wto.org/simplesearch.aspx. LĠauteur ne conna”t aucune disposition de la rŽglementation explicitement interdisant aux Žtrangers de se prŽsenter aux examens dĠadmission au barreau. Mais, il ne semble y avoir aucun prŽcŽdent.

[15] Les bureaux de reprŽsentation de cabinets Žtrangers font eux-mmes lĠobjet de mesures potentiellement discriminatoires en ce que les peines auxquelles leurs Žventuels dŽpassements des limites des activitŽs autorisŽes peuvent donner lieu ˆ des sanctions 60 fois plus importantes que lĠamende maximale applicable ˆ tout autre auteur de la mme infraction.

[16] Article 7 the Decision concerning the Establishment of a Foreign Trade Arbitration Commission within the China Council for the Promotion of International Trade adoptŽe par 215me Session du Conseil Administratif du Gouvernement le Mai 1954.

[17] Le rglement procŽdural est adoptŽ ˆ la discrŽtion des parties, article 4.2 des CIETAC Arbitration Rules.

[18] Article 16 des CIETAC Arbitration Rules.

[19] Article 10.1 des CIETAC Arbitration Rules.

[20] Article 12 des CIETAC Arbitration Rules.

[21] Article 14 des CIETAC Arbitration Rules.

[22] Le but de lĠarticle 33.2 des CIETAC Arbitration Rules consiste ˆ imposer une obligation de confidentialitŽ ˆ tous les participants (les parties, leurs reprŽsentants, les tŽmoins, les interprtes, les arbitres, les experts et le personnel du secrŽtariat de la CIETAC).

[23] Article 68 of the CIETAC Arbitration Rules.

[24] Several Opinions of the SPC on Implementation of the General Principles of Civil Law (Trial), adoptŽes le 26 janvier 1988 par le Judicial Committee de la SPC et promulguŽes le 2 avril 1988, No.6 Judicial Notices (Office) (1988); Several Opinions of the SPC on Implementation of the Civil Procedure Law, adoptŽes ˆ la 528th Session du Judicial Committee de la SPC et promulguŽes le 14 juillet 1992, No.22 Judicial Notices (1992).

[25] L'article 29 of the CIETAC Arbitration Rules en ce qui concerne les procŽdures ordinaires et l'article 54 pour les procŽdures en rŽfŽrŽ.

[26] Article 29 of the CIETAC Arbitration Rules.

[27] Globalization as Boundary-Blurring: International and Local Law Firms in ChinaĠs Corporate Law Market

Sida Liu, http://home.uchicago.edu/~sidaliu/articles/Liu_LSR_2008.pdf.